Appréhender Dieu  --Par Aiden Tozer (2ème partie)

Il convient également de clarifier le sens que l’on donne au mot reconnaître. Cela ne veut pas dire visualiser, concevoir, ou imaginer. L’imagination et la foi sont deux choses différentes. Non seulement elles sont différentes mais elles sont aux antipodes l’une de l’autre. L’imagination projette des images irréelles, créées par l’esprit, et tente de leur donner une réalité. La foi ne crée rien; elle reconnaît simplement ce qui est déjà .  

Dieu et le monde spirituel sont réels. Nous pouvons compter sur eux avec la même assurance que nous pouvons compter sur le monde familier qui nous entoure. Les choses spirituelles sont là (ou devrais-je dire ici), elles nous invitent à leur prêter attention et mettent notre confiance à l’épreuve.

Notre problème, c’est que nous avons formé de mauvaises habitudes de pensées. En règle générale, nous pensons que le monde visible est réel et nous mettons en doute la réalité de tout ce qui n’est pas visible. Nous ne nions pas l’existence du monde spirituel mais nous doutons de sa réalité au sens communément accepté du terme.

Le monde des sens s’impose à notre attention jour et nuit, tout au long de notre existence. Il est bruyant, insistant, et très démonstratif. Il ne fait pas appel à notre foi; il est là, il assaille nos cinq sens et exige d’être reconnu comme réel et accepté comme réalité ultime. Mais le péché a opacifié le cristallin de notre cœur au point que nous ne pouvons plus voir cette autre réalité, la Cité de Dieu qui nous entoure et brille de tous ses feux. Le monde des sens triomphe. Le visible devient l’ennemi de l’invisible; le temporel, l’ennemi de l’éternel.

La croyance en l’invisible est au cœur de la vie chrétienne. L’objet de la foi chrétienne, c’est la réalité cachée.

Notre façon de penser erronée, influencée par la cécité de notre cœur naturel et par l’envahissante omniprésence des choses visibles, tend à créer une distinction entre le spirituel et le réel; mais en réalité, cette distinction n’existe pas. L’antithèse est partout : entre le réel et l’imaginaire, entre le spirituel et le matériel, entre le temporel et l’éternel; mais jamais entre le spirituel et le réel. Le spirituel est réel.

Si nous voulons nous élever et accéder à cette région de lumière et de puissance qui nous interpelle dans les écrits sacrés de la vérité, nous devons perdre cette habitude d’ignorer le spirituel. Nous devons détourner notre attention du visible et la porter vers l’invisible. Car la grande Réalité invisible, c’est Dieu. « Celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'Il existe et qu'Il récompense ceux qui Le cherchent. »[1] C’est un des fondements de la vie de foi. De là, nous pouvons nous élever à des hauteurs illimitées. « Croyez en Dieu », disait notre Seigneur Jésus-Christ, « Croyez aussi en Moi. »[2] Sans le premier, le second n’est pas possible.

Si nous voulons vraiment suivre Dieu, nous devons chercher à être d’un autre monde. Chacun doit choisir son monde. Si nous, qui suivons le Christ, ayant tous les faits à notre disposition et sachant ce que nous sommes,  choisissons délibérément le Royaume de Dieu comme sphère d’intérêt principale, je ne vois pas pour quelle raison quelqu’un aurait des objections. Si nous nous trompons, c’est à nos dépens; si nous y gagnons quelque chose, nous n’avons lésé personne en gagnant. L’“autre monde”, qui  est un objet de mépris de la part de ce monde et un sujet de dérision des chansons d’ivrognes, est notre objectif soigneusement choisi et l’objet de notre aspiration la plus sacrée. 

Mais nous devons éviter l’erreur courante qui consiste à repousser « l’autre monde » dans le futur. Ce n’est pas un monde futur, il est bien présent. Il côtoie le monde physique qui nous est familier, et les portes qui relient les deux mondes sont ouvertes. Et ce n’est en aucun cas un effet d’imagination, mais la pure réalité. L’âme a des yeux qui lui permette de voir et des oreilles qui lui permettent d’entendre. Sans doute ont-ils été affaiblis à la suite d’une inutilisation prolongée, mais maintenant le toucher du Christ les ravivera et les rendra capables de voir et d’entendre avec la plus grande acuité.

Quand nous commençons à focaliser notre attention sur Dieu, les choses de l’esprit prennent forme devant nos yeux intérieurs. L’obéissance à la parole du Christ débouche sur une révélation intime du divin,[3] qui aiguisera notre perception et nous permettra de voir Dieu, comme Il en a fait la promesse à ceux qui ont le cœur pur. Une nouvelle conscience de Dieu s’emparera de nous, et nous commencerons à goûter, à entendre et à ressentir intérieurement le Dieu qui est notre vie et notre tout en tout. Nous verrons l’éclat constant de la lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde.[4] De plus en plus, au fur et à mesure que nos facultés s’affineront et se renforceront, Dieu deviendra pour nous le grand Tout, et Sa présence sera la gloire et la merveille de notre vie.

O Dieu, ravive tout pouvoir en moi, afin que je puisse saisir les choses éternelles. Ouvre mes yeux afin que je puisse voir; donne-moi une perception spirituelle aigüe; permets-moi de Te goûter et de savoir que Tu es bon. Fais que le ciel soit plus réel pour moi qu’aucune chose terrestre ne l’a jamais été. Amen.

Extrait de “The Pursuit of God,”[La quête de Dieu] publié en 1957



[1] Hébreux 11:6.

[2] Jean 14:1.

[3] Jean 14:21–23.

[4] Jean 1:9.